Gîte Lou Bouffadou

Pour profiter pleinement des produits du terroir, faites une cure de bons légumes aux Eaux Deux Sources. La ferme de Grailler propose la livraison de paniers de légumes bios (labellisé AB), directement sortis du champs (à Champis la Batie – on ne peut guère faire plus local !), mais aussi des œufs (poules élévées en plein air et avec les épluchures des légumes bio !) Réservez votre panier avant de venir au 06 66 80 09 09 ( téléphonez lui de notre part. au besoin laissez lui un message, Sylvina vous rappelera ) Vous pouvez aussi connaitre le contenu du panier de la semaine sur la page face-book de la ferme du Grailler.

Premières traces : On trouve la trace du lieu-dit "Vassel" (où se situent "Les Eaux Deux Sources") dans les archives municipales de 1464. Nous savons donc que la ferme existait déjà à cette époque.. Elle s’est agrandie et transformée au fil du temps et au gré des générations qui y ont vécu, chacun apportant sa pierre à l’édifice. Nous la trouvons dessinée, à l’échelle 1/20 000, sur la première partie de la section D du plan cadastral de 1824 ( dit plan cadastral de Napoléon 1er) de la commune de Boffres. Y sont dessinés deux bâtiments bien distincts, l’un correspondant à «l’estau» (l’étable) surmontée de «la feneira» (la grange). Nous la voyons entourée de ses pâturages où paissaient les vaches. La vie à la ferme : Les paysans Ardéchois vivaient de leur travail, en autarcie quasi complète. lls travaillaient de l'aube au coucher. Bien entendu, le soir, avant la traite, il fallait abreuver les vaches au «bachat»* (l’abreuvoir). Celui-ci est alimenté par deux sources (d’où le nom que nous avons donné à la propriété ), l’une se situant au Nord-Ouest, l’autre au Nord-Est de la ferme. Dans un des gîtes subsiste «Lou bataor»* (la baratte) qu’on utilisait pour faire le bon beurre fermier onctueux et goûteux, qui n'a rien à voir avec celui que l'on mange aujourd'hui ! On tuait «lou cayou» (le cochon) deux fois par an, afin de préparer la «cochonnaille» : lard, pâtés, saucissons, jambons, gratton, caillettes, jambonnette… et avoir suffisamment de réserves pour passer l’hiver. On élevait les porcs avec les restes de nourriture, les épluchures des légumes, des glands et des châtaignes (Rien ne se perdait !). On préparait leur repas dans la «chaudière»* (sorte de grosse marmite en fonte), qui servait ensuite à faire cuire le boudin !!! Évidemment les poules fournissaient les œufs, notamment pour la fameuse «crica » (la crique: sorte de galette à base de pommes de terre râpées, d'où le nom du petit gîte 😃) Le jardin fournissait «las trifoles« (les pommes de terre) pour la «bombine» (sorte de ragoût de patates), ainsi que les salades et les «bledas« (bettes) pour la «calieta» (caillette : grosse boulette de viande de porc hachée et de "vert" : feuilles des légumes à côtes). Vous pourrez découvrir un authentique «copachaul»* (éminceur à choux) dans le grand gîte. Le four* : On cuisait beaucoup de choses dans le four, qu’on allumait une à deux fois par mois : les caillettes, les pâtés de toutes sortes, les grandes platées de «bombine» (sorte de ragoût de pommes de terre), le pain de froment, le pain à farine de châtaigne. La «castagne» (châtaigne) était très importante dans l'amimentation. On faisait sécher les châtaignes et les champignons dans la clède, en l’automne. (Ici, la clède a été transformée en notre petit gîte "La Crique".) En hiver, la soupe au lard embaumait toute la maison. ( Vous pouvez encore la déguster à la mi-Août, dans le superbe village médiéval de Chalencon, à 20 km des Eaux Deux Sources). On était frugal à cette époque, le lard était réservé aux hommes, les femmes et les enfants se contentaient des bouts de «trifoles», de «carotas» et de «chaul». Les hommes faisaient «chabrot» : un peu de vin dans un fond de soupe, et hop ! Ils buvaient à même l’assiette ! Ensuite, ils la sauçaient soigneusement avec un bout de pain, avant de terminer le repas par un bout de «picaudon» (fromage de chèvre), à la pointe du couteau. Chacun portait son propre «costel» (couteau) et le gardait toute sa vie durant, au fond d'une des grandes poches de ses «brailles» (pantalons). On l’utilisait aussi bien pour se servir une tranche de pâté, se couper un bout de pain ou de saucisson, que pour raccourcir une ficelle, émincer le petit bois ou ramasser les champignons. C'était le cadeau qui, pour les garçons, marquait le passage de l'enfance à l'âge adulte. On chaussait «les esclops»* (les sabots, d'où le nom d'un des gîtes), que l'on remplissait de paille, l'hiver, pour avoir moins froid aux pieds. La grande pièce à vivre servait de cuisine. On y voit encore l’évier en pierre* et un meuble encastré dans le mur*, où on y "serrait" les provisions. On mettait la viande à fumer dans «lou cantou» ; cette grande cheminée* servait de fumoir, de cuisinière et de lieu où se réchauffer, tricoter, le soir à la veillée. On y vivait presque dedans ! Les ustensiles de cuisine étaient pendus dans la cheminée, à portée de main, et les produits alimentaires de base (sel, sucre, café) remplissaient des boîtes émaillées posées sur le dessus de cheminée. Le soir, on "bassinait" les lits (On les chauffait avec une "bassinoire"* remplie de braises chaudes), puis on "couvrait" le feu (le recouvrir de cendres) et, le matin, on le faisait reprendre avec un «bouffaïre»*. («Lou bouffaïre» est appelé «lou bouffadou» en Ardèche du sud, d'où le nom du grand gîte. C'est une sorte de tuyau en bois, percé dans toute sa longueur, qu'on utilisait pour souffler sur les braises.) Il va sans dire que jusqu’après la seconde guerre mondiale, le bois était ici la seule source d’énergie calorifique. Les vieilles femmes s'occupaient des poules, des lapins et, le soir, restaient à surveiller la soupe, à éplucher les châtaignes ou à tricoter au coin du feu. Leurs époux fabriquaient de petits objets en bois, s’occupaient à de petites réparations, faisaient de la vannerie. On vivait en famille de génération en génération, et tous rendaient leur dernier soupir dans leur lit. Après un office au temple de Boffres, ils étaient portés en terre "non consacrée" ! C’est qu’on était de vrais «parpaillots« (protestants) à Vassel, et qu’ils le sont restés, malgré les guerres de religion qui ont sévi dans le coin et qui , partout en France, ont endeuillé le XVIème siècle ! Les animaux : Ici la mule tractait le "char à banc"*, pour aller vendre le beurre ou les œufs au marché. Le cheval de trait tirait «l’araire»* (la charrue, toujours présente sur la propriété) pour quelques arpents de blé, qui se fauchait et se liait à la main. On le débottait au coupe-botte*, avant de le battre, de le tamiser et de le porter au moulin de Foriel en contre-bas de la propriété. À la «foire» aux bestiaux, le «grain» pouvait aussi servir de monnaie d’échange, lorsqu’on n’avait pas de monnaie sonnante et trébuchante en poche. ( Vous pouvez encore admirer des mesures à grain dans les villages de Chalencon ou de Boucieu Le Roy, à quelques kilomètres d'ici.) En Juin, le cheval était attelé à la charrette à foin*. Il se récoltait «avé lou rastel»* (avec le râtau) et se retournait à la fourche*. Que ça sentait bon le foin coupé dans la campagne environnante ! C’était la période où on cuisait «lou cayou au fen» (le porc au foin) qui mijotait pendant des heures dans la «chaudière*» ! Très certainement les vaches, elles aussi, ont été attelées par paire («la boeïre»), car outre des fers à chevaux*, nous avons retrouvé quelques fers à bovins* et un joug*. L’activité de la ferme a cessé dans les années 1960. Les bêtes et la ferme ont été vendues et ses terres morcelées. Et ainsi… Nous l’avons rachetée en 2014. Les débuts furent épiques, et là, j’ai vraiment compris ce que les anciens du coin m’ont raconté : "En 1950, on descendait encore dans la pièce à vivre, semi-enterrée. La nuit, les couches des enfants suspendues à l'intérieur de la maison, gelaient en hiver ! " Si la soute à cochons était attenante au logement, de même que l’étable, ce n'était pas pour rien : C'était pour profiter un peu de chaleur animale. Cela faisait office d’isolation ! Depuis 2014 : Quand nous avons acheté cette propriété, nos amis n'ont pas osé nous traiter de "fous" 😃. Ils nous disaient, avec l'accent du midi "eh bé, vous êtes courageux, vé!" La cour se transformait en mare à la moindre pluie (On mettait des planches pour la traverser! 😃), la toiture en passoire (Il fallait poser des bassines jusque sur les lits!) et un torrent traversait parfois la partie basse de notre habitation! Que du bonheur! 🤣 L'année de notre acquisition, sans chauffage central, je dormais, avec mes chiens et mes chats, devant la cheminée, toute habillée (bonnet, chaussettes, doudoune). Par chance, j’ai évité la lessive au lavoir. 😄 Ah! Pour sûr, c’étaient des durs à cuire, ces «parpaillots»! Nous avons acheté cette grande propriété pour en faire une grande maison familiale ( 4 générations; 4 logements). Mais après un an de cohabitation, nos jeunes ont préféré quitter le nid 😥. C'est pourquoi nous les avons créé les gîtes, qui font le bonheur des vacanciers et des gens de passage et ça nous aide à financer l'entretien de cette demeure. (Nous avons refait les toitures, fait draîner la cour et le chemin des gîtes, changer les portes et fenêtres, changer la fosse septique, installer une chaudière...) Cette maison sera, de ce fait, plus encline à durer dans le temps, car il est évident, pour moi, que nous n'y sommes que de passage, et j'espére de tout coeur qu'elle passera ensuite entre de bonnes mains, avec des personnes qui sauront l'apprécier pour son histoire, la respecter et la protéger 🤍 Légende : « pâtois de la région » mot en occitan (Traduction ou définition) * Ces objets peuvent vous être montrés. Il vous suffit de nous le demander. Ce sera avec grand plaisir ! 💗😉